>>> carte blanche I à
bɔētiane
si le mot est une frontière
deux mots imprévus seraient un espace
et le poème, ce paysage mental
abolir l’obstacle
fragmenter pour déverrouiller
volcaniser jusqu’au vertige
boetiane
Floe Hélix
©boétiane/2017
Sea of Yoldia
©boétiane/2017
Orphelinat des fleurs
©boétiane/2017
Toadstool, drool
(mots de pénombre inspirés par les forêts de Françoise David)
©boétiane/2016
Mooned, marooned
©boétiane/2016
>>> carte blanche II à
Loup-de-lune
A la recherche des kaléidoscopes patients, arachnéens, filigranes dont les espaces et les objets familiers s’ajourent. Polir les alliances de mots qui vont les découvrant, les partageant.
Parole du fragile, poésie de la présence qui luit dans le sang et révèle les détails, les discrétions heureuses, les rapports insoupçonnés, à leur intensité vitale et onirique.
Loup-de-lune
Mer jaune
passante de la pierre
qui obombre les heures mutinées
méticuleusement la cendre s’enquiert
l’hélianthème calligraphe
l’encharme de l’inflexion chère
le poème obsessif
qui t’épeura jusques aux neiges funérales
te silhouette désormais
dans tous ses chantournements du dicible
sans offreuse les florilèges larment en ors taciturnes
le mot inexplorable
et la languissance des trouveurs
élongent de silence
les lèvres des proues abyssales
par maint brisant de foudre
s’inaccomplit l’été d’absence
d’un sablon empreint de nos confiements
se recompose le fileyeur paternel de tes ailleurs
oh ! siller
où blondoie la poudre accalmie
de nos traverses fromentales
*
Élévation
toutefois aux lèvres du vœu
l’énigme de la survivance
n’avait laissé qu’une vaporeuse lettrine…
ces mains en javelles
jusqu’à l’exaucement
qui ouvre une pulpe encore
dans la faim de cristal
dérougit un organisme nouveau
à l’orphelinat des soupirs
le zéphyr vient se désavouer
appuyé contre la lumière verte
où s’assimile un tremblé d’azur et de tuile
s’aile le rose des épanouies
sur le bord de la fenêtre
un instant triste
l’écorce éparse parodie les nuages
mais le parfum sachant mourir à sa sanguine
lesté de la seule exultation d’Homme
déjà touche aux métamorphoses
où se distribue le reliquaire d’un soleil
La fenêtre du guérir
un geste
encore
à la crête du sang
maléficiante affirmation
et s’éteignirent les couleurs tissues
qui mentaient par tant d’oiseaux
évanouisseurs de vitre
avant les vespérales prémices
sur les rayons naïfs en leur délai de charmille
le demeurant de la pluie
suspend un penser de transparence
au rose pâle du pétale
un diamant traverse
astral payeur du dilatoire
de la chute
Cette soif nouvelle
donne au recueillir
une forme d’œil sans le périssable
céladons et pourpres obombrés
une frondeuse bouquetière
avec un infime de lampe
déploie le papier cristal de la nuit
où se délient et s’éthérisent les corolles
*
Le thé de la mer intime
parent de l’abat-jour
qui ne se sera pas éteint
à même les intermittences de la nuit
le thé
se coule
dans la patience transparente d’une tasse
à travers son ambre sobre
où se ramifient les timidités du rose
le papillon qui éploie un coffret laqué
enfle ses ailes
voiles
dont le voyageant parfum
afin qu’infime par infime
se déconsidère le vieux cap
détisse les fastueuses ocelles
sur une étale sans partir
donnée à l’instant clair
*
Pulsion du passage
nocturnes incandescences
des poignées
feu de fleurs serpentines
ne va plus à la rencontre des lampes
le geste qui d’un sang miracle et radiant
éteint l’amoncellement des espaces
À travers les tissus
paraît un néphélion d’argent et de lait
et vont s’illuminant les nuances
décombre fabuleux
des prismes du sommeil
turquoise de l’arcade confidente
jaune des poudres de tiare
orangé lévitant
indigo du trémail d’étincelles
rose en murmure
qui ne composent pas d’aurores
beaucoup au-delà des tracés d’oiseaux
les vieux métaux des ouvertures
ont flué tous
rus de photons mutilateurs de fenêtres
et de portes
épiphanie des diaphanes d’ailes
et de paupières
où palpitent des ciels
inconnus des cycles
et de leurs bréviaires
©Loup-de-lune 2017/2018
>>> carte blanche III à
Pascal Leray
Pascal Leray, qui compose son « catalogue » chez le Chasseur abstrait éditeur depuis 2005, court depuis près de trente ans après un mot, le signifiant « série ». La séquence qui suit, « Writtenstein », est l’amorce d’une épopée psychique intitulée Avec l’arc noir.
1. Writtenstein
Partis à Writtenstein
Nous ne modifierons pas le cours du temps
Nous nous éloignerons des flaques
Les flaques grandiront
Les flaques grandissantes
Les flaques grandissantes sécheront
En plaques
Et ces grandes plaques séchées
Nous serons tentés de les soulever
Et de nous protéger avec
Du temps
Du temps que nous ne connaissons pas
Du temps que nous mangeons avidement
Comme un pain pâle au goût tôt oublié
Du temps que nous cherchons parmi nos vêtements
Et parmi notre gente
Dicible
Floraison
_
2. Temps sec
Le temps
A qui nous ne
Faisons jamais subir le moindre
Écoulement
Séchant, nous
Ne voyons pas
ce qui survient
Nous évitons les flaques
C’est lorsqu’elles paraissent inoffensives que nous nous déplaçons
Jamais avant
_
3. Plaque éphémère
Nous
Ne voyons rien : c’est
Ici, sur la plaque éphémère
Que se situe
L’axe qui détermine notre mobilité
Sommes-nous un songe sans nom ?
Nous
Ne voyons
Rien
©pascal leray